Backstage: l’enregistrement du podcast à Fontainebleau
Je l’ai dit régulièrement ces derniers temps, après quatre ans à enregistrer le podcast dans le confort de mon salon, j’ai décidé qu’il était temps que, comme la photo, le podcast me fasse découvrir le monde.
Au lieu de faire venir les invités à moi, je vais donc aussi vers eux quand c’est possible, et dans le cadre de l’épisode 110 du Podcast, j’ai eu l’opportunité d’enregistrer un épisode avec Francesco au coeur de son sujet, la forêt de Fontainebleau, à une heure de route de chez moi.
Et quelle aventure… Sortir de sa zone de confort pour aller vers quelque chose qu’on ne connait que de loin, au delà de la découverte et de la nouveauté, c’est sortir de sa zone de confort et l’étendre un peu.
Je suis arrivé sur place après une heure de route, pour une fois sans trop d’embouteillages (sortir de Paris le matin est plus facile que d’y rentrer), et ce petit temps de trajet serein m’a permis de méditer un peu mes questions, que j’avais préparé la veille. Avoir un petit break, seul en voiture avec un peu de musique pour se détendre, permet de mieux réfléchir les choses et d’en sortir de nouvelles, et une partie de la discussion que j’ai eu plus tard avec Francesco est née de ce petit moment de réflexion que je n’aurais pas eu si j’avais été à mon bureau, sur la brèche, attendant son arrivée. On oublie souvent, dans notre monde sur-dopé à la productivité, l’importance des moments plus calmes, sans obligations ni objectifs, ces entre-deux qui permettent de faire un point sans y penser. C’est une des raisons pour lesquelles j’apprécie ma petite balade du matin, après avoir déposé les enfants à l’école, sur l’allée des Cygnes à coté de chez moi: je n’y ai aucune obligation ou habitude (a part mon kit de rucking lesté sur le dos), ni d’écouter ou ne pas y écouter de la musique ou un podcast, ni de faire de la street photography, ni de faire le point sur quoi que ce soit. Je suis le flow, et c’est là que naissent mes meilleures idées.
Arrivé à Fontainebleau, en sortant de la voiture, je me retrouve nez à nez avec un groupe de retraités, bâtons de marche en main, en train de s’échauffer pour une grande randonnée dans le bois. Il fait chaud, ça sent le pollen et je croise les doigts pour que mon allergie, ou pire, mon asthme allergique, ne m’en fassent pas voir de toutes les couleurs ce matin. Et alors que les retraités finissent leur échauffement et s’enfoncent dans la forêt, je me retrouve seul sur le parking, face à la nature, dans un silence assourdissant.
Je ne suis pas franchement à l’aise dans cet environnement si calme, où je réalise rapidement que je n’ai pas de réseau. Heureusement Francesco est déjà là et me rejoint sur le parking, et nous partons explorer les environs.
Il a prévu un vrai tour des lieux, et n’a vraisemblablement pas l’intention de ménager le citadin que je suis. Je suis venu en pantalon de ville et baskets de trail, le plus proche de ce que je pouvais imaginer nécessaire pour enregistrer une interview dans une forêt. Dans mon esprit, à ce moment là, nous allons trouver un banc dans la forêt, au pire un tronc d’arbre, et nous asseoir dessus, mais Francesco me fait rentrer dans des zones où le chemin n’a pas été pas clairement tracé par de nombreux passages humains, et à mesure que nous nous enfonçons dans une zone rocheuse, je réalise que je vais devoir escalader certains rochers, et sortir un peu plus de ma zone de confort que je ne l’aurais cru en arrivant.
Et nous allons en escalader, des rochers, jusqu’à nous retrouver sacrément en hauteur, surplombant la forêt, avec une vue imprenable sur le désert d’Apremont.
Un lieu d’enregistrement certes super cool, mais totalement inconfortable pour moi. Francesco, lui, est habitué et nettement plus à l’aise.
Je suis assis sur un rocher, mon enregistreur sur un monopode pour être plus facile à monitorer, et j’ai eu la bonne idée d’amener des micros sans fil, qui me facilitent grandement la vie par rapport à mes micros Shure habituels, à la qualité sonore incomparable, mais plus encombrants, et nettement moins confortables dans notre situation.
Ca fonctionne plutôt bien, hormis le vent qui menace à tout moment de faire tomber mon enregistreur entre les rochers, et me contraint à garder un pied sur la base du monopode pour le coincer.
La conversation, vous la connaissez maintenant, elle est géniale. Si vous prêtez attention, vous entendrez la nature, les oiseaux, et tous les petits bruits qui nous entourent pendant cette matinée. Ça accompagne de façon heureuse cette vraie vision d’artiste de Francesco. Heureusement, nous n’avons vu les randonneurs que de très loin pendant cette heure et demi à enregistrer, ils ne nous aurons donc pas dérangé.
Je l ai dit plus haut, le podcast est une aventure, une série de rencontres, et une occasion de faire de beaux portraits et de voir le monde. Je suis très content d’avoir pris cette décision d’aller à la rencontre de Francesco dans son environnement, au coeur de son sujet, ça m’a permis de mieux comprendre son raisonnement, de voir en vrai son immersion totale quand il part en forêt, comme moi je vais vivre une aventure dans la ville pendant une journée.
On part à l’aventure, on explore, on expérimente, et l’exploration, l’aventure, les expériences, c’est la vie. La curiosité, c’est l’ingrédient secret.
L’enregistrement terminé, nous prenons un peu de temps pour explorer la forêt, pour discuter, pour faire quelques photos (surtout lui, car je n’ai que mon X100V et pas la moindre idée de comment faire une photo correcte en forêt, ce que je compte bien corriger à ma prochaine visite). À défaut de faire des photos de la nature, je fais quelques images de Francesco en action, et nous finissons par arriver au parking où je vais me remettre en route vers chez moi, pour retrouver ma petite famille qui m’attend patiemment.
Ce très long article pour vous dire que, parfois, dans la vie, il faut se lancer et suivre le flow. Je suis allergique au pollen et je n’étais pas à l’aise à l’idée d’aller en forêt, puis je n’étais pas à l’aise avec le silence, puis avec le chemin, puis avec la hauteur. A aucun moment je n’ai réellement su ce que je faisais, où j’allais, comment me comporter, mais c’est la beauté des choses: rien de ce qui est vraiment important n’arrive tout prêt, avec un manuel détaillé de ce qu’il faut faire. Ce qui est génial, c’est de découvrir et de vivre les choses en direct.
Allez donc découvrir comment votre voisin, votre collègue fait les choses. Vous serez peut-être aussi mal à l’aise que vous le pensiez initialement, mais vous découvrirez certainement beaucoup de choses en passant.