059 - Toutes les photos que l'on admire, il y a eu une réflexion derrière - Annie Gozard
Annie Gozard est une de mes références quand on parle de la constance nécessaire à se maintenir au plus haut niveau sur une longue durée. J’ai longtemps pensé que c'était le fruit de la patience, qui est une qualité que je lui ai toujours attribué sans réserve, mais cet épisode m’a permis de réaliser que cette patience elle-même vient de sa constance et de sa capacité à s’auto-analyser et à être très honnête envers elle-même. Bref, comme ses images, cet épisode a plusieurs niveaux de lectures et méritera plusieurs écoutes pour en tirer la quintessence.
Dans cet épisode, on parle :
de Mimosas,
de mettre de soi dans sa photo,
de parler de son travail,
d’être concis et de patience,
d’obtenir le graal,
de la réflexion derrière une photo,
d’endurance physique et mentale,
de tourner autour de son sujet,
d’anticiper,
de se relire et d’en tirer des leçons,
de Columbo,
de ne pas se faire jeter dans la piscine,
de garder l’oeil gauche ouvert,
de laisser plein de portes ouvertes,
d’enchainer les workshops,
de réfléchir sur soi-même,
mais surtout, on va parler de la différence entre Paul W.S. Anderson et Wes Anderson.
Bienvenue dans l'oeil d’Annie Gozard.
A propos de l’invitée: Annie Gozard
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LEGOS DE L'ÉPISODE:
Je suis assez troublée par cette question, on peut se mettre d'accord que Steve Jobs est mort et que du coup, si je le rencontre, c’est que je suis morte?
Je n’ai pas trop le culte de la personnalité de gens que je ne connais pas, j’admire des gens mais c’est parce que je les connais, je sais qui ils sont en vrai.
J’ai plusieurs passions dans la vie, manger, dormir, le Mimosa, et tout ce qui est beau visuellement. J’ai choisi un métier en lien avec ce qui est beau visuellement, donc aujourd’hui je suis photographe, mais peut-être que demain je serai graphiste, céramiste, aquarelliste, ou dessinatrice de papier peint.
Moi ce que j’aime c’est vraiment la photo, donc j'estime que quel que soit le sujet je vais y mettre de moi, on va retrouver les mêmes codes visuellement.
J’aime beaucoup les artistes qui parlent de leur travail.
Ca prend du temps d’arriver à avoir une composition hyper structurée avec plusieurs plans. Comme c’est un peu un graal d’obtenir ça, j’essaie de favoriser les situations où je peux obtenir ce type d’images.
Ca n'existe pas le génie immédiat comme ça, toutes les photos que l’on voit et que l’on admire il y a eu une réflexion derrière, une envie d’obtenir cette photo là. Ca n’existe pas de faire de bonnes photos comme ça, par hasard.
Je pense que c’est aussi lié à un petit coté feignasse de ma part… ce qui m’inquiète toujours sur les mariages, c’est mon endurance physique. Avec l’expérience, je me rends compte que c’est plus une question d’endurance mentale en fait.
Sur une journée de mariage ou d’un autre évènement, on a pas besoin de courir dans tous les sens pour attraper de bonnes photos.
Je tourne autour du sujet pour trouver à quel endroit ça sera propre… Je cherche quel va être le meilleur placement pour moi pour justement essayer d'épurer, que l’action et les personnages soient bien lisibles dans ma composition.
Je bouge en fonction du déplacement des gens, j’anticipe beaucoup la manière dont les gens vont évoluer dans la scène et je me cale sur leur rythme.
C’est toujours quand j'ai mes safe shots que je peux me faire plaisir en allant chercher un autre point de vue, parce que je sens qu’il peut se passer quelque chose de différent.
J’analyse beaucoup mon travail, et j’essaie d’éviter de reproduire les mêmes erreurs.
Si je n’ai pas le temps d’analyser un mariage avant d’aller au suivant, je ne sais pas où je vais.
Ce qui me stresse vraiment sur un mariage, c’est le coté technique, matériel, sauvegarde, tout ça.
Au moment de la prise de vue, je suis vraiment dans l’instant présent, à essayer de ne rien rater d important. Le storytelling, j’y pense une fois que j’ai édité mes images. En prise de vue, je suis là pour collecter un maximum de choses et pour justement avoir du choix et construire quelque chose de beau.
On a tous commencé par faire des trucs pas terribles.
J”aime bien qu’on me fasse des retours assez sévères sur mes images… c’est pas facile mais c’est pour notre bien en fait.
Quand on a des moments de creux dans la journée, le fait d’avoir un objectif supplémentaire, ça permet de rester concentré et d’aller chercher des photos.
Le fait d’être dans le recul et d’être hyper concentrée, je suis un peu dans ma bulle et je pense que les gens ne me captent pas parce qu’eux aussi vivent des émotions assez fortes.
Les mariés ont dit “on ne jette pas la photographe dans la piscine”. Une fois que ça a été dit, je me suis un peu plus approchée.
J’ai vu, avec mon oeil qui reste toujours ouvert, le passant arriver vers nous.
Ca surprend toujours les gens quand ils me voient shooter avec l'(autre - NDLR) oeil ouvert.
C’est pour ça que j’aime ce métier de photographe, ça permet d’accéder à des endroits très différents, d’être plongée dans des univers très différents, et où moi je suis sure de ne jamais m’ennuyer.
Je vais là où je me sens portée, donc je laisse plein de portes ouvertes et puis on verra bien ce dans quoi je m’amuse le plus.
Si je communique, c’est d’abord pour trouver des clients, c’est pas à l’adresse des photographes. Mes clients mariage de 2023, ils ne connaissent pas mes anciennes images, donc pour eux c’est toujours du nouveau.
Je vois des gens qui enchainent les workshops, je ne comprends pas comment ils font pour digérer et ensuite appliquer ce qu’ils ont appris… si le workshop est bon, tu as de quoi faire pendant un an avant de t’en enquiller un autre.
J’aime bien être très claire vis-à-vis des prospects sur ce que je vais leur livrer, et d’avoir une cohérence sur tous les plans.
J’aime bien réfléchir sur moi-même, c’est pour ça que j’aime bien avoir du temps libre pour réfléchir sur ma vie, mon oeuvre, ce que je vais faire quand je serai plus grande…
C’est l’intérêt de la communication, c’est d’être le plus vrai, de réfléchir à la manière de se présenter le mieux.
J’en ai vécu des situations de malentendu avec des clients, donc c’est autant de temps gagné par la suite, si ce que je raconte sur mon travail et sur moi, c’est vrai, c’est sincère.
J’aime bien quand les entreprises viennent me chercher pour mon oeil, et pas le fait que je suis spécialiste dans tel ou tel domaine.
DANS CET ÉPISODE, ON PARLE DE:
Ces photos:
Dans l'épisode, je compare Wes Anderson, génie du cinéma, à Paul T. Anderson, réalisateur des films Resident Evil. Petite erreur de ma part, il s’agit en fait de Paul W.S. Anderson, Paul T. Anderson ayant des films très honorables à son actif. Mais vous comprenez maintenant pourquoi je les mélange sans arrêt…
Recommandation d’invités:
A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)