120 - à partir du moment où tu es équipé d’un cerveau, tu es capable d’être créatif - André Wygledacz
On dit souvent que les premiers contacts sont les plus importants, et fidèle à moi-même, j’ai bien raté mon premier contact avec André. Pire encore, j’ai totalement oublié que j’avais raté mon premier contact avec André. Heureusement, il a eu l’intelligence de tolérer mon humour bien à moi, et c’est tant mieux parce que j’aurais été triste de ne pas avoir l’occasion de discuter avec lui.
André, alias Ded, vous en avez déjà entendu parler dans ce podcast. Lui et William Lambellet organisent Rise Up, une des meilleurs retraites/formations pour les photographes de mariage, qui se tient une fois par an à Chamonix. C’est là que j’ai appris un paquet de nouvelles choses coté photo, là que j’ai gagné la Rise Cup et pris le booster de confiance qui va avec, là que j’ai fait la connaissance de plein de collègues formidables, et là que j’ai pris conscience que oui, il y a bien des gens qui écoutent ce podcast de l’autre coté du micro.
Mais André, c’est surtout un état d’esprit admirable, beaucoup de tolérance, et une belle vision du monde qu’il arrive à retranscrire dans ses images. C’est la personne dont vous ne partagez pas toutes les opinions, mais avec qui vous avez plaisir à débattre, en sachant que vous en sortirez grandi. C’est celui qui arrive à concilier deux activités totalement opposées, et à en tirer le meilleur en progressant dans les deux domaines. C’est un créatif très posé qui va être capable d’avoir une analyse poussée sur ce qui nous rend créatif, effet secondaire de toutes ces années a cumuler job créatif et job très cartésien. Et qui est capable de voir et d’apprécier le meilleur et le pire dans tout, y compris dans l’exemple ultime de ce qui peut cumuler à la fois le meilleur et le pire: la Magic Mouse d’Apple.
Bref, André, c’est une belle rencontre, et je suis content de pouvoir, enfin, vous le présenter.
A propos de l’invité:
Legos de l’épisode:
Je transforme les problèmes de mes clients en histoires originales.
Le fait de ne pas avoir 100% de mon cerveau dédié à la photo, ça a quand même pesé pendant pas mal d’années… donc là je suis content d’avoir fait quand même un choix.
Je pense qu’il y a quand même pas mal de gens autour de nous qui ont, qu’ils l’avouent ou pas d’ailleurs, parce que c’est pas quelque chose dont on est fier bizarrement.
J’ai toujours eu besoin de cet exutoire, de travailler ma créativité en dehors de cet univers très cartésien qui est basé sur des calculs.
A l’origine je pense que c’est un problème d’orientation, c’est que j’étais pas du tout fait pour des métiers comme celui que j’ai eu pendant 22 ans, mais par la force des choses, parce qu’on écoute nos parents, on se laisse un peu embarquer là dedans et puis voilà.
Ça m’a permis, aussi, d’avoir que les bons cotés de la photographie, c’est-à-dire de vraiment choisir les activités dans lesquelles je voulais évoluer, et ça c’est un luxe.
Il y a un moment où il faut aussi se responsabiliser, se rendre compte que la vie est finalement assez courte, beaucoup trop courte, et qu’il faut à un moment faire ce pour quoi on pense être sur cette terre.
Il y a une histoire d’égo dans la photographie qui peut être pénalisant des fois.
Toute l’histoire de Rise Up c’est ça, on a vraiment voulu faire la formation qui nous manquait, qu’on aurait voulu faire et qui n’existait pas.
Les concours, ça peut effectivement amener les gens dans des situations qui ne sont pas forcement agréables, des gens qui ont gagné pendant une année ou deux qui se mettent à plus rien gagner et qui tombent dans des situations personnelles assez compliquées, qui se remettent en question assez lourdement et qui sont pas loin de la dépression parce qu’ils ne gagnent plus… La Rise Cup, c’est plus une excuse pour provoquer l’échange et provoquer la discussion,
Parfois, on peut être créatif sans être original.
Des fois, on se réveille avec une idée qui a l’air exceptionnelle et on se rend compte au cours de la journée qu’elle n’était pas si belle.
C”est la différence des autres qui va abreuver, finalement, notre créativité, la booster.
Ce qui est très beau aussi, c’est que c’est accessible à tout le monde: à partir du moment où tu es équipé d’un cerveau, tu es capable d’être créatif. Il faut abreuver le cerveau de nouvelles expériences, de nouvelles choses pour lui donner de la matière à travailler, mais c’est accessible à tout le monde.
Le processus créatif, ça vient aussi sans trop le savoir. Moi par exemple, ça m’arrive souvent sous la douche… et en fait c’est le seul moment de la journée où je suis déconnecté de toute le reste.
La spécialisation, c’est vraiment un frein a la créativité.
L’absence de perfection, ça me plait, la spontanéité aussi.
Dans le rythme d’un album, c’est bien de mettre un peu des accidents, si je peux appeler ça comme ça, quelque chose qui fasse réagir le cerveau quoi.
c’est un peu le coté obscur des réseaux, de nos téléphones, on a perdu l’habitude d’échanger, de discuter, de confronter nos idées, d’accepter différence des autres.
On peut pas être d’accord avec tout le monde, mais au moins écouter l’avis de l’autre, cé st la base de la vie en société.
Il y a des choses différentes qui se passent ailleurs, c’est pas mieux ou moins bien que chez nous, c’est juste différent, il faut l’accepter. Il faut juste savoir que la différence existe, c’est déjà une base.
Laisser les opinions différentes de la notre en dehors de notre champs de vision, c’est pas forcement une bonne manière de les appréhender.
Le filtre des écrans est quand même un souci, le fait d’avoir les gens en face de soi déjà ça permet d’être à portée de baffe.
La photographie, c’est quand même un métier qui permet de s’ouvrir aux autres et d’aller comprendre un peu leur point de vue.
Il y a ce qu’on montre et ce qu’on ne montre pas… il y a quand même un gros tri qui est fait.
Il faut que ça reste de bons moments, si c’est que le photographe qui prend son pied parce que la lumière est incroyable, ça a peu de sens.
Au moment où tu fais les photos, tu les sens les bonnes photos.
Je trouve que pour qu’une histoire soit facile à regarder, a comprendre, si tu bombardes le cerveau d’informations et d’émotions fortes, à un moment ton cerveau il sature, et je trouve que c’est bien qu’il y ait des temps plus calmes. dans une série d’images je trouve ça très bien d’insérer des plans de détails… Juste ça, ça te permet de faire une pause dans ton storytelling, de comprendre aussi le contexte.
L’histoire c’est bien au delà de uniquement la personne sur laquelle on se concentre, c’est tout ce qu’il y a autour d’elle aussi, retranscrire l’environnement sans lequel elle évolue.
Je trouve que pour apporter un peu de l’intérêt, de la vie dans ta série, c’est bien de varier un peu les focales.
Dans l’évolution de sa carrière, il faut vraiment comprendre ce qui correspond à son regard, et essayer de vite oublier ça.
On a pas des cerveaux multitâches, si tu es concentré sur ton boitier tu perds le contact avec ton environnement.
Il y a un gros travail qui se fait en amont (sur du reportage - NDLR), avant de sortir ton appareil photo il faut avoir la confiance des gens, c’est a dire essayer de faire preuve d’empathie, de respect, de comprendre la situation des gens, et après seulement tu sors l’appareil et tu commences à shooter.
Si les gens savent pourquoi tu es venu, en général ça se passe bien.
J’ai quand même gardé le lapin, parce que ça me rappelle tous les jours que les mots sont importants, que la vérification est super importante, qu’on raconte l’histoire de nos clients et qu’il faut faire attention aux mots qu’on utilise, comment on les utilise.
Dans cet épisode, on parle de:
Episode avec Oliver Laban Mattei
Livre - Khàos - Ulrich Leboeuf
Recommandation d’invité: Mathis Dumas
A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)