Test Grand angles Fuji: 8-16mm f2.8 vs f10-24mm f4
L'été dernier, après une longue formation sur la photographie de mariage, je me suis décidé à changer d’approche concernant les photos de soirée. Jusque là, j’avais pris l’habitude de photographier les dancefloors entre le 16 et 23mm Fuji (donc équivalents 24 et 35mm), mais les photos que j’aime d’autres photographes sont quasi systématiquement prises à l’ultra grand-angle, et je me suis donc décidé à faire évoluer mon kit.
Magie de ce blog, je peux désormais me faire prêter assez facilement du matériel difficile à trouver autour de moi, et si un de mes amis avait un 10-24mm f4 à me prêter, le 8-16 était un peu plus rare dans mon entourage, et j’ai eu la chance d'être en contact avec Fujifilm France à ce moment là qui a accepté de me le prêter une semaine où j’avais un peu de travail, des dancefloors et l’opportunité de tester les deux optiques côte à côte.
Voici donc le résultat de ce test, réalisé dans les conditions suivantes: J’ai eu le 10-24 environ 3 semaines avant d’avoir le 8-16 en mains, j’ai donc pu me familiariser avec les focales un petit moment avant de les mettre face à face, ce qui n'était pas du luxe vu que je n’avais jamais shooté une soirée aussi large auparavant. Le test est donc plutôt fair-play puisque je shootais à ce moment là comme je shoote depuis quelques mois que j’ai réalisé ce test, aucun objectif n’a donc été défavorisé par ma manière de faire.
Commençons par les caractéristiques de chaque objectif:
Le 10-24mm, comme son nom l’indique, est un zoom qui oscille entre 10 et 24mm et a une ouverture maximale de f4. La version que j’ai eu en test était l’ancienne, qui n’avait pas de résistance à l’humidité et à laquelle il manquait la bague d’ouverture avec les marquages. C’est a priori une optique conçue pour du paysage vu sa faible ouverture, qu’on pourrait croire davantage conçue pour un trépied et des poses longues, mais qui s’est montrée très capable et versatile dans toutes les situations auxquelles je l’ai exposée. Son poids plume de 410g, la stabilisation optique, et des dimensions très raisonnables compte tenu de sa focale, font qu’elle ne se fait pas trop sentir dans un sac ou à bout de bras, ce qui est important dans mon cas puisque je tiens un flash sur perche dans la main gauche et donc l’appareil de la seule main droite.
Le 8-16, de son coté, va aller de 8 à 16mm et a une ouverture maximale de f2.8. Il ouvre donc nettement plus grand, capte plus de choses à la focale la plus large, mais est plus serré au zoom maximal. Avantage à l’ouverture pour cette optique, qui ouvre à f2.8 et laisse donc entrer deux fois plus de lumière à ouverture maximale. Il est beaucoup plus encombrant que le 10-24, comme vous le verrez sur les photos, et pèse le double de son ainé à 805g sur la balance. Il se sent dans un sac photo et à bout de bras, avec 30% de poids en plus, bien qu’il présente d’autres avantages.
Pour faire mes images, j’ai utilisé la manière de faire qui est devenue mon habitude depuis quelques mois: un flash sur perche que je tiens dans ma main gauche, ce qui me permet de l’orienter facilement et de n'éclairer que ce qui m’intéresse dans l’image, ce qui a un grand intérêt dans une image très large, donc pouvant potentiellement comporter beaucoup (trop?) d’informations. Sur le flash, j’installe une grille qui limite la largeur de la zone éclairée, ainsi qu’un filtre 1/4 CTO. Dans la main droite, je tiens l’appareil photo avec un niveau de zoom défini à l’avance (généralement 12mm) pour tout ce qui est photo spontanée, que je fais évoluer quand on m’arrête pour faire une photo plus posée, ce qui arrive quand même fréquemment dans les évènements où je travaille.
Le 10-24 a comme atout principal sa légèreté, il est un peu plus lourd que les optiques fixes que j’utilise habituellement mais ça ne se sent pas sur une soirée, même longue. Le pare soleil est amovible, ce qui est une bonne nouvelle vu que c’est la première chose dont je me débarrasse en ouvrant la boite, et on peut mettre des filtres UV pour protéger le verre, ce qui est la première chose que j’ajoute en ouvrant la boite (le gain en encombrement et en rapidité de mise en place vaut largement les petits défauts optiques qu’on peut avoir de temps en temps, dont je me suis mis à jouer et qui sont devenus une de mes marques de fabrique par ailleurs). L’ouverture à F4 a été un des freins dans mes considérations d’achats de cette optique, mais à l’usage je suis rarement en dessous de f5.6 en photo de soirée et c’est donc finalement, dans mon cas du moins, très peu sensible. La qualité optique est bonne, même si en mettant côte à côte une photo prise à 24mm au 10-24 et la même photo prise au 23mm F1.4, il ne peut y avoir aucun doute sur quelle optique a fait quelle photo. Les photos à 10mm sont sensiblement déformées, ce qui m’a semblé être un problème au premier abord, mais j’ai fini par m’y faire et le gérer correctement.
Le 8-16 a comme atout principal son ouverture et sa qualité optique, un cran au dessus de son ainé. Et en paysage ou en architecture, je n’hésiterais pas à vous le recommander même s’il fait le double du prix du 10-24, tellement la qualité optique est incroyable, surtout pour un zoom. Mais pour du dancefloor, en particulier dans mon fonctionnement il a deux gros défauts: Premièrement, il est très lourd, et après quelques minutes à le tenir à bout de bras, même si je fais du sport et je suis capable de porter des poids assez lourds, je me suis régulièrement arrêté pour relaxer mon poignet qui était crispé par l’effort. Le second gros défaut de cette optique, c’est que le verre est bombé, avec un pare soleil inamovible, et l’impossibilité de mettre un filtre pour le protéger, ce qui peut se montrer problématique vers 2h du matin, quand tout le monde commence être bien alcoolisé et que des coups involontaires peuvent arriver sur le matériel. Le 8mm est inutilisable en photo de soirée tellement il déforme l’image et la rend difficile à exploiter, même après correction, n’apporte rien par rapport aux 10mm de son concurrent, et sur un évènement, le 16mm est trop large pour les quelques fois où on doit s’arrêter pour faire une photo posée.
Ne nous méprenons pas, je détourne des optiques de l’usage pour lequel elles ont été conçues en les emmenant sur le dancefloor, le 8-16mm f2.8 est une optique superbe et si je faisais du paysage ou de l’architecture, je ne me poserais pas une seconde la question malgré son prix deux fois plus élevé que celui du 10-24. Mais dans mon contexte d’utilisation, j’ai besoin d’une optique légère, fiable, capable de prendre des coups, et l’ouverture à f4 qui m’a fait tant hésiter ne me gène au final pas du tout dans mon quotidien. Bonus que j’ai découvert après avoir acheté mon exemplaire du 10-24, il a été mis à jour récemment avec la résistance à l’humidité (que j’ai inauguré en shootant un évènement sous la pluie, donc ça sert) et des marquages sur la bague d’ouverture qui manquaient à la version précédente. La bague est un peu plus dure à tourner également, ce qui n’est pas un luxe quand on tient l’appareil d’une seule main.
En résumé, si vous cherchez une optique grand angle pour faire du dancefloor et que vous êtes chez Fuji, je vous recommande très largement le 10-24mm F4, il fait parfaitement le job et saura se faire oublier dans votre sac.
Photographe spécialisé dans le reportage, Julien est le créateur et hôte du Podcast dans l’oeil du Photographe. Fan de Street Photography, lecteur avide de livres photo, obsédé par l’amaigrissement de son sac photo et la possibilité de travailler de partout comme de chez lui, il se définit comme un sans bureau fixe, et ne se déplace qu’à vélo dans Paris, la plus belle ville du monde.
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