061 - Ce qu'on cache est très révélateur de ce qu'on est - Marine Poron
Marine Poron est une de celles qui, plus que tout autre, à compris la valeur du souvenir photographique et tente de la transmettre à ses clients, mais également aux photographes qu’elle forme régulièrement. Au cours de cet épisode, nous allons faire le parallèle entre les photos qu’on fait pour nos clients et celles qu’on fait (ou fait faire) pour nous-mêmes, et réapprendre à leur donner l’importance qu’elles méritent par ce prisme.
Dans cet épisode, on parle:
de curiosité et de vulnérabilité
de planter des petites graines
de regarder aussi ce qui ne nous parle pas,
d’Orelsan,
de secouer le cocotier,
du goût de l’époque,
d’être capable de voir sa propre valeur,
des imperfections qui n’empêchent pas l’exigence,
de l’esthétique du chaos,
de chercher ce qui est caché,
des clients qui cherchent à maîtriser leur image,
de compenser la perte de vitesse par l’expérience à travers une métaphore footballistique,
de faire le boulot jusqu’au bout,
de calmer le jeu et de respiration,
de ne pas faire le ménage avant le shooting, tout en planquant tout le bordel dans un coin,
mais surtout, on va parler de tourner son appareil vers ce coin bordélique.
Bienvenue dans l’œil de Marine Poron.
A propos de l’invitée: Marine Poron
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LEGOS DE L'ÉPISODE:
Mon objectif c’est de montrer à mes clients la valeur de ce qu’ils possèdent.
Nous ce qu’on veut, c’est planter de petites graines, après elles peuvent mettre du temps à éclore, c’est pas un problème.
Qui dit raconter une histoire dit structurer une histoire, organiser une histoire.
L’inspiration, c’est quelque chose qu’on travaille et qu’on nourrit toute la vie, au quotidien. Il faut que ça devienne une hygiène de vie.
Des fois, des choses qui ne sont pas forcément de notre univers, qui ne sont pas forcément de notre goût, justement vont nous secouer, remettre en cause notre manière de faire, de voir les choses. C’est ça qui est intéressant je trouve dans l’inspiration. Évidemment il y a des choses qu’on aime parce qu’on s’y reconnaît et parce que c’est des choses vers lesquelles on a envie de tendre… mais aussi, d’aller secouer un peu le cocotier de temps en temps, voir ce qui tombe, c’est toujours intéressant.
Je recommande Orelsan… Merde…
C’est la curiosité qui compte.
Le déclenchement, c’est la vulnérabilité, le moment où ça s’ouvre.
La perfection, c’est pas la vie. C’est l’ennui, c’est stérile.
C’est ces imperfections là, ces ratés là, ces erreurs qui nous construisent, qui font la valeur de ce qu’on est.
A partir du moment où tu acceptes l’imperfection, c’est plus facile de bosser.
Ca ne veut pas dire de ne pas être exigeant, attention… mais accepter l’imperfection, c’est accepter qu’on ne maîtrise pas tout et qu’il faudra faire avec ce qu’il y a. C’est aussi se faciliter la vie et ne pas se retrouver avec des murs face à soi.
Les concours m’ont un peu enfermée dans des choses, à un moment donné je ne laissais plus cette petite voix en moi, en fait de bordel, qui était en fait des choses que j’aimais faire.
Il faut laisser parler ce bordel ambiant, laisser raconter l’histoire telle qu’elle est.
Ce qui est difficile à um moment, c’est de ne pas se laisser influencer par le goût de l’époque.
Devoir toujours prouver les choses aux autres, je pense que c’est un problème en soi, il y a un problème de manque de confiance, de ne pas voir la valeur de son travail.
On travaille isolé, si on est pas capable de voir sa valeur et de se reposer là dessus pour avancer, on ne va pas très loin.
Je trouve qu’il y a une esthétique du chaos déjà. Le bordel, c’est quelque chose qui me parle, que je trouve beau, parce que je le trouve révélateur d’une certaine vérité. Généralement, c’est ce qu’on essaie de cacher.
En reportage de famille, même si je leur dit que c’est la vie quotidienne et qu’on ne change rien, il y a toujours une pièce où ils ont mis le bordel.
Il y a toujours ce truc de dire qu’on cache certaines choses, mais en même temps ce qu’on cache c’est très révélateur de ce qu’on est… c’est ces choses là que je vais aller chercher.
C’est sortir l’image de la communication, ce qu’il a envie de montrer, pour laisser apparaître ce qu’il est vraiment. Pour moi, la beauté surgit à ce moment là.
On vit dans un monde de profusion d’images.
Même les enfants intègrent aujourd’hui que leur image est un moyen de communication. C’est le monde dans lequel on vit, … il faut l’accepter.
Ce que je veux, c’est dépasser ce réflexe naturel de la maÎtrise de son image, qui n’est plus réservé aux professionnels mais qui est quelque chose que tout un chacun gère aujourd’hui.
Je communique sur cette imperfection, sur ce fait de ne pas être dans l’image qu’on projette… donc j’ai une clientèle qui accepte ça.
Mes mariées… acceptent le fait qu’elles ne vont pas toujours être bien sur les photos… C’est une représentation vraie.
Les années passant, le corps devient plutôt un handicap qu’un atout, mais on gagne en recul, on gagne en expérience surtout, on gagne en réflexion sur les choses, en facilité dans les rapports humains. Il y a tellement de choses qui pour moi étaient compliquées au début de ma carrière, qui étaient des vrais challenges, et qui aujourd’hui sont tellement intégrées que je n’y pense même plus.
Il y a toujours des modes, des images attendues, … mais avec le temps on se rend compte que ce qui compte, ce n’est pas ça.
Ma fille entourée de fleurs dans un panier, ça ne raconte pas grand chose. Je ne l’ai jamais mise dans un panier, pour la promener, avec des fleurs.
Tu n’as pas besoin de courir dans tous les sens pour voir ce que tu vas trouver. Tu sais ce que tu es capable d’aller chercher, tu sais quelles sont tes limites, et du coup tu gagnes du temps.
Ton client, qu’est ce qu’il fait avec tes 1200 photos? Il se noie!
Le professionnel, c’est nous. C’est nous qui savons quelles sont les bonnes images, comment raconter au mieux l’histoire.
Le client va être écrasé par ce nombre d’images, donc c’est lui rendre service de réduire, d’avoir un editing exigeant.
Aujourd’hui, ce qu’on vend en tant que photographe, c’est notre regard sur les choses, et notre regard il doit être visible.
Ce qu’on va vendre, c’est ce qu’on est nous personnellement, c’est notre sensibilité à saisir le monde.
Amener un produit fini au client, c’est pas lui laisser du boulot à faire derrière.
(En famille - NDLR) je fais des photos parce que je connais la valeur des souvenirs, mais d’abord je vis avec ma famille.
Savoir resserrer son travail sur l’essentiel, c’est important.
On est dans une profusion d’images, et finalement on perd la valeur de l’image.
Si on balance que des photos très fortes les unes après les autres, on va se fatiguer assez rapidement… Il faut ménager son auditoire et savoir lui donner des temps de respiration, faire monter la puissance du moment ou calmer la force de l’histoire pour pouvoir amener une autre histoire.
Il y a plein de non-moments, plein d’entre deux, des scènes comme ça où il ne se passe pas grand chose, mais elles existent et elles font partie de la photo de mariage.
Je ne peux pas demander aux gens d’être vrais, de retirer leur carapace, si moi je ne le fais pas aussi.
Pour moi, plus c’est carré, plus j’ai préparé le terrain, … plus ça me permet d’être 100% disponible à ce qui va arriver, peu importe ce qui arrive.
J’ai une trame de ce que sont mes clients, de ce qu’ils attendent, et je n’ai plus qu’à être complètement dans ce qui se passe pour photographier.
Pour moi, c’est vraiment une grande liberté de bien préparer en amont.
J’ai aussi une partie de mon activité avec les professionnels qui vient du fait qu’ils ont vu mon travail famille et ça leur parle en fait.
Je veux … que leurs images existent dans leur vie, que les enfants se construisent au regard de ces images. Pour moi la photo est un élément important dans la construction de soi.
Tu apprends à chaque fois que tu te manges des portes.
DANS CET ÉPISODE, ON PARLE DE:
Ces photos:
A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)