068 - C’est bien de pas savoir quoi faire, tu vas trouver au bout d’un moment - David Mazeau
David Mazeau a cette grande qualité de bien se connaitre lui-même, ce qui lui permet de faire des choix très tranchés et assumés à tous les niveaux de son entreprise et de sa pratique photographique, mais également d’être très clair sur le fait qu’il n’est pas le photographe de tout le monde et qu’il a une cible précise. Bref, un touche à tout, qui ne touche délibérément pas à tout.
Dans cet épisode:
on dan se remettre en question,
s’incruster dans ses albums,
se rapprocher de ses sujets,
de faire des choix très tranchés,
d’imposer sa façon de faire sans se laisser influencer par l’extérieur,
l’inspiration qui naît de l’ennui,
de dire clairement ce qu’on veut,
de mots clefs et de backlinks,
des toutologues,
de rebondir dans la pandémie,
mais surtout, on parle de savoir se taire quand on ne sait pas,
Bienvenue dans l'oeil de David Mazeau.
A propos de l’invité: David Mazeau
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LEGOS DE L'ÉPISODE:
J’irais pas sur le coté documentaire, parce qu’il y a un aspect pour moi qui est cher c’est le coté un peu plus graphique que j’essaie de produire, et j’essaie plutôt d’avoir un aspect souvenir/rêve, voire même histoire racontée qui aurait pu ne pas se passer.
A partir du moment où on shoote, au moment où on a terminé le shoot, c’est déjà le passé. Du coup, il y a plein de photographes qui photographient la réalité de ce qui s’est passé, moi en fait j’ai envie d’aller un tout petit peu plus loin et de donner l’impression qu’ils ont vécu quelque chose et que l’image que je rends c’est vraiment un souvenir.
J’essaie de faire croire que je sais où je vais.
Il faut toujours essayer d’avoir une valeur ajoutée en plus.
La colorimétrie pour moi c’est très important parce que je veux qu’on aie toujours l’impression d’être sorti d’une pellicule de film.
La recherche de l’émotion, il faut forcément à un moment donné se rapprocher.
Ca va peut-être choquer des gens, mais moi je n’ai qu’un seul objectif, je suis toujours au 50mm… Moi je considère que ce que je dois livrer, c’est le point de vue d’une personne qui a été invitée, donc ce que voit la caméra c’est son oeil en fait.
Il y a toujours une solution. Comme l’œil humain est entre 35 et 45mm en fonction des gens, l’optique 50mm c’est celle qui est le meilleur rapport pour représenter l’œil humain, et si on descend trop on est plutôt sur des trucs plus oniriques… et si on monte trop on s’éloigne de l’émotion du sujet, donc du coup je reste là dessus pour des raisons de narration.
Je veux pas aller en mariage ou en shooting avec des gens avec lesquels on a pas échangé longtemps.
Je cours beaucoup, je bouge beaucoup, j’ai un seul boîtier, je suis pas quelqu’un de très expansif, donc le 50 me permet d’être proche sans être très proche. Donc l’image parait proche mais j’ai quand même une certaine distance.
Il faut que ça reste tremblant, parce que la caméra est un personnage du film.
Quand j’ajoute des lumières, c’est des lumières continues, que ce soit en photo ou en vidéo.
Je reste en lumières fixes, parce que je considère que les photos au flash qui peuvent être jolies pour d’autres photographes, que je respecte beaucoup, vont sortir de ce que je veux raconter.
Je veux vraiment raconter ce que les gens ont vu, quand ils étaient en train de danser ou de boire un cocktail, et surtout qu’ils ne m’ont jamais senti avec eux… je suis toujours à essayer de me cacher quelque part avec des gens.
J’invite les gens à tester ça, d’envoyer des photos où il n’y a pas la tête visible parfaitement, les gens vont apprécier cette photo.
Il y a beaucoup plus de photographes qui partent vers des essais de vidéo, que de vidéastes qui partent vers la photo. Je m’impose des règles en photo qui sont liées aux contraintes de la vidéo. Ca me permet d’être totalement assuré quand je propose une presta photo/vidéo.
J’utilise beaucoup de filtres en amont de l’objectif, j’essaie d’avoir une image qui rentre en lumière avant qu’elle soit traitée au numérique.
En photo, il n’y a pas de triche, en vidéo il y en a beaucoup.
J’ai appris à, des fois, pas écouter les gens… (sur Résonance) je refusais de m’y inscrire parce que je ne voulais pas être influencé dans ma démarche.
Je me dis « mais comment on va raconter cette histoire », et souvent ça passe par « Je pose mon appareil et je regarde ce qui se passe »… Il y a toujours une part d’incertitude au moment où tu commences à shooter.
Avec le temps et l’expérience, tu acquiers des habitudes qui font que tu sais où tu vas aller.
C’est bien de pas savoir quoi faire, tu vas trouver au bout d’un moment.
J’adore construire dans l’urgence.
Je me pose à un endroit et j’attends qu’il se passe quelque chose. J’arrive à me dire c’est fort probable qu’il se passe un truc si je me mets là. Et si ça se fait pas je la provoque.
Le plus dur, c’est de faire croire aux gens qu’ils vivent quelque chose d’unique alors que toi tu l’as déjà vécu plusieurs fois.
J’ai souvent des clients qui me disent qu’ils m’ont pas vu de la soirée.
C’est important pour moi de retranscrire ce qui a été vu dans le regard de la personne, donc je vois pas l’intérêt de monter très haut pour faire un plan aérien, parce qu’un invité n’aurait pas fait ça.
Je reste à hauteur du regard humain, je suis pas très grand, je suis pas très petit, j’ai une focale qui est un oeil humain, je fais des erreurs dans le focus, en fait c’est nos yeux, c’est comme ça.
J’ai eu des profs qui me parlaient pendant 6h de focale caméra pour donner de l’intention… Quand tu te rends compte que c’est pas juste un objectif que tu mets pour aller voir loin ou court, du coup tu fais attention à ça.
La culture du cinéma est ancrée dans les gens de manière vraiment forte, et une image qui a des couleurs cinéma, du grain cinema, du contraste, il va y avoir un jugement différent que d’autres photos plus plates, plus standard, et je joue sur cette sensation là sur les premières secondes où il faut donner tout.
J’aime bien salir l’image.
On ne peut pas vendre tout à tout le monde. Je préfère vendre peu de choses à des gens qui sont ultra convaincus que d’aller faire des efforts et des pirouettes pour faire plaisir (à tout le monde - NDLR)
Il vaut mieux pas essayer de répondre à la demande, il vaut mieux créer un désir avec ce qu’on fait.
L’aquatique a été pour moi une ouverture d’esprit incroyable. J’y suis vraiment allé en termes de formation juste pour aller voir autre chose et en fait j’ai découvert vraiment ce qui me manquait, c’est à dire faire très peu de photos mais très artistique.
Il y a plus de difficulté à faire de la photo aquatique au niveau matériel, et du coup ça m’intéresse parce qu’il y a moins de gens.Malheureusement c’est difficile de s’affirmer tout le temps et quand il y a beaucoup de monde, j’ai du mal à ne pas avoir le syndrome de l’imposteur, donc j’essaie toujours d’aller vers des endroits où il y a moins de monde.
J’ai pas tout mis dans le même panier.
On peut toujours mélanger un aspect de soi qu’on veut cacher au client… Le jeu de rôle, c’était quelque chose que je cachais avant… et à un moment donné j’ai rencontré quelqu’un qui a vu ces deux choses et qui m’a fait comprendre que là on voit que tu prends du plaisir, et là on voit que tu fais les images pour tes clients, du coup j’ai compris qu’il fallait que je mélange tout et que j’aille chercher mes clients aux endroits où je prends du plaisir et leur livrer ce que je fais en prenant du plaisir.
Quand j’accompagne des gens dans leur stratégie digitale, il y a un moment où je me dis « OK, famille, particuliers, corpo, OK, mais t’es qui? C’est quoi la troisième corde de ton arc? »… Quand tu le trouves ça donne de la cohérence.
On imagine le corpo comme quelque chose de global, alors que dans le corpo il y a plein de niches en fait.
J’exclus le plus possible le terme prestation. J’appelle ça les photographes plombiers, ils vont facturer à l’heure avec des photos livrées beaucoup plus vite que ce que je livre.Tout ça mélangé fait que quand j’arrive sur un lieu, il y a eu toute une réflexion pendant un an ou 6 mois de création de l’univers visuel.
(Sur les backlinks vers les autres prestataires du mariage dans ses articles - NDLR): On est là que pour enclencher photo et vidéo, et derrière il y a un travail qui a été effectué par plein de gens. C’est la moindre des choses derrière de dire que c’est pas parce que je tiens la caméra que je suis responsable de tout ça.
J’essaie de ne pas faire de la publication sur mon site ou sur Instagram de manière juste gratuite, tout est préparé, il y a quelque chose derrière.
Si on reste assis à attendre que le client vienne, on est pas sorti de l’auberge, du coup si tu te positionnes d’une certaine manière avec une appréhension du SEO et un contenu bien écrit, tu peux répondre à des besoin exprimés sur Google.
Quand je parle pas, c’est que je sais pas.
Je pratique depuis 6 ans… le fait de retenir son jugement quand on a pas suffisamment de choses explicites pour parler. C’est très dur parce que des fois, sous le coup de l’émotion, on peut s’emballer et dire ce qu’il ne faut pas dire.
On peut immiscer des idées dans la tête des gens sans avoir à les critiquer ouvertement et il suffit juste de leur faire poser des questions et après, c’est à eux de faire le travail.
Je les appelle les toutologues, c’est les gens qui savent tout sur tout en fait, malheureusement les gens qui critiquent sont ceux qui ne sont pas touchés par le problème.
C’est bien de se positionner et de dire « chez moi, il n’y a pas de jugement et vous êtes en confiance ».
(Le Covid - NDLR) ça m’a forcé à casser mes habitudes et à développer un business qui sur l’année prochaine va être très bon.
J’aime m’imaginer comme une éponge qui, au contact de gens très créatifs, apprend beaucoup de choses sur moi-même.
DANS CET ÉPISODE, ON PARLE DE:
Cette photo:
Série de films - Wes Anderson - La famille Tenenbaum - La vie aquatique - Darjeeling Limited - Moonrise Kingdom
Canon AE-1 et optiques FD
Recommandation d’invité : Vanessa Madec
A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)