071 - J’ai toujours été une personne qui dit oui à tout - Odieux Boby
Odieux Boby ne s’appelle pas vraiment Odieux Boby, mais il n’a pas pour autant créé un personnage puisqu’il est dans la vie comme il est sur les réseaux: authentique et qui fait ce qu’il aime (ou, selon ses propres mots, “photographe, supporter de l’OM, porteur de Bob et amateur de Ricard”). Au détour d’une discussion sur ce qui fait de ses photos ce qu’elles sont, nous aborderons le fait de rester fidèle à soi-même et à ses propres idées pour définir son propre style.
Dans cet épisode, on parle
de Pedro Almodovar et de roses rouges,
des attachés de presse qui sont parfois relou
de Bob et de Gavroche
de guerre des stickers,
de chaussettes, oui oui, de chaussettes,
de collectionite aiguë,
de mise au point manuelle et de concentration,
de transmettre son savoir,
de cuite avec Benoit Poelvorde,
mais surtout, vous découvrirez comment apprendre rapidement et facilement de nouvelles insultes les soirs de match de l’OM.
Bienvenue dans l'oeil d’Odieux Boby.
A propos de l’invité: Odieux Boby
LEGOS DE L'ÉPISODE:
C’est grace à Libération, comme quand ils t’envoient faire un portrait, tu ne connais ni le lieu, ni la lumière, tu apprends à composer avec ça et ça te met dans une sorte de facilité pour le faire tout le temps, et du coup tu l’adaptes à tous les projets. Donc même les projets où il faudrait une grosse préparation, à chaque fois j’y vais un peu en mode « c’est sur, ça va bien se passer, c’est pas grave ».
Je suis pareil, je m’en sors, mais du coup je dors pas beaucoup.
Il faut que j’apprenne à faire des choix, parce que j’ai toujours été une personne qui dit oui à tout. De façon générale je suis assez curieux.
Les gilets jaunes et Chanel, c’est deux opposés, mais j’adore les faire et j’adore vraiment voir les deux faces de la société.
Je me dis qu’à chaque fois que je dis non, je vais louper une occasion de découvrir des trucs, et donc en effet je ne dis pas souvent non, et maintenant j’ai des journées où maintenant je suis obligé de prendre un taxi moto pour aller d’un taf à un autre sinon physiquement et dans les heures c’est pas possible.
Au final, je ne fais que des photos.
Photographe, supporter de l’OM, porteur de bob et amateur de Ricard.
J’ai tout le temps un appareil photo sur moi, donc c’est bien d’avoir des petits temps où je me dis « essaie de profiter de ce moment là sans penser à la photo que ça va donner ».
Le pire c’est les photos qu’on voit quand on a pas l’appareil… Y’a un gars il guette devant chez moi, il dit c’est bon, il est sorti sans appareil, sortez tous les mecs…
Quand je sors dans la rue, c‘est dur de trouver l’époque photogénique, mais peut-être que je trouve ce qu’il a fait photogénique parce que j’y étais pas (sur le livre de Depardon - Glasgow)
Je suis pas très organisé, moi la compta et les archives c’est pas… Moi j’aime bien faire les photos, j’aime bien les publier et les livrer, mais après tout le reste…
Moi une fois que c’est fait, c’est fait et puis voila.
Même pour le portrait, je guide et tout, mais en fait j’attends que la personne elle s’ennuie d’avoir gardé la pose, et c’est là que je vais appuyer et que la photo sera plus belle.
Je suis un peu un genre de photographe d’attente.
Généralement ce que je fais c’est que je les laisse faire un peu ce qu’ils veulent au début, et une fois qu’ils sont rassurés, qu’ils pensent que j’ai la photo qu’ils veulent, là après moi j’essaie de faire mon truc, quitte à ce que ça passe pas où qu’ils refusent.
Faut pas hésiter à aller demander… au pire il dit juste non… et après, faut pas hésiter à filouter.
Des cours de journalisme et de connaissance des médias, pour moi ça devrait être impératif au collège et au lycée. Pour ne pas se contenter que d’un article, vérifier d’où vient l’article, vérifier les sources… C’est indispensable, ça l’était déjà avant mais c’est encore plus primordial. Même quand il y a des embrouilles de potes, au lieu de te concentrer que sur la version de ton pote à toi, tu vas voir l’autre mec, tu recoupes un peu tout pour avoir la vérité. Ca a changé ma vie professionnelle, mais aussi ma vie de tous les jours.
Pour moi il y a deux choses qui sont essentielles quand on est photographe, qu’on peut élargir à la vie en général: il faut être curieux et débrouillard. Si on est ni l’un ni l’autre, il vaut mieux rester dans un taf de bureau.
La curiosité, tu es sur ton reportage, et tu vas faire une bonne série de photo, ben la curiosité ça va te pousser à te dire bon ben en fait je me contente pas de ce que j’ai, je vais peut-être rester plus longtemps. Moi souvent je suis resté beaucoup plus longtemps sur ce que je couvrais pour me dire que je vais trouver autre chose.
La photo que tout le monde va faire, je la fais aussi parce que c’est rapide et qu’il la faut, mais en vrai ça tu peux le faire en 5 minutes sur le meeting et c’est fini. Et après ce qui est intéressant c’est d’essayer de trouver les petits détails qui vont faire sourire, qui vont faire réfléchir.
La présidentielle pour moi c’est vraiment la coupe du monde. Celui qui gagne la coupe du monde, c’est pas forcément celui qui fait la photo que tout le monde a vu. C’est pour ça que je prends ça comme une compétition, et comme c’est une compétition j’ai envie de la gagner, donc j’essaie de regarder partout, de trouver des trucs différents pour en tirer le meilleur et après rapporter les meilleures choses au journal.
Longtemps on m’a rabaché « oui le journaliste il doit être neutre », et en fait quand on regarde la presse il n’y a aucun journaliste qui est neutre, il suffit de regarder les plateaux télé, les éditorialistes, etc.
Les éditorialistes télé, ils donnent sans cesse leur avis, ils sont jamais sur le terrain. Déjà pour moi c’est extrêmement problématique.
C’est impossible d’être neutre, mais ce qui est possible c’est d’être honnête avec les faits, d’être objectif. Je préfère quand la couleur est annoncée. Quand tu vas au figaro, l’info est plus de droite, quand tu vas à Libé elle est plus de gauche, et au final tu trouves la vérité avec un peu toutes les tendances mélangées. C’est bien pour avoir une vision globale.
Moi, je me suis dit « ca sert à rien d’être neutre », autant que je sois assez clair. Après même si je suis clair, jamais on me verra appeler à voter pour qui que ce soit, je sais qu’il y a une marge, je ferai jamais une affiche de campagne…
Editorialement, la responsabilité du photographe est moindre que celui qui écrit. Je ne change pas ma façon de faire des photos, et je ne me censure pas.
Les gens pensent qu’un portrait, tu viens, t’appuies sur l’appareil et c’est fini, mais pour moi le portrait, c’est vraiment une bataille psychologique entre ta vision de la personne, la vision qu’elle a d’elle même, la vision qu’elle a de la photo, il y a plein de facteurs qui rentrent au commun.
Je ne suis pas partisan. C’est avant tout les faits.
J’essaie de faire des photos qui me plaisent avant tout à moi, ça peut être basique de dire ça mais c’est vrai que j’ai ce besoin que la photo me plaise avant tout. Donc oui, je suis un peu prisonnier de mes goûts, mais comme mes goûts me plaisent…
Il n’y a pas de meilleur compliment pour un photographe qu’on lui dise qu’il a enfin trouvé sa patte où qu’il est identifiable.
C’est un but, de vraiment trouver son identité, et qu’une fois qu’on l’a trouvée les gens la trouvent et l’identifient.
C’est tout con, mais déjà de demander ça augmente les chances à 50%: Soit il va te dire oui, soit il va te dire non.
C’est fou parce que moi j’ai pas l’impression de faire des trucs de fou et tout, et c’est que plus tard, quand on m’en reparle, je me dis ah ouais j’ai fait ça et tout…
J’arrive pas à tout garder pour moi, j’aimerais bien, j’essaie de garder des fois des photos, je me dis je les publie pas on verra plus tard.
Je me dis « ca serait bien dans un livre qu’il y ait des photos qui soient jamais sorties », ça serait très cool.
Comme je leur laisse au début faire ce qu’ils veulent, un peu comme ils sentent, il y a ce truc psychologique de se dire « ca va, même son idée de fou à l’autre là, elle marche pas, il y aura toujours mon idée à moi qui va marcher ».
Le portrait, c’est une collaboration entre la personne et moi, donc c’est vrai que si la personne en face prend autant de plaisir que moi c’est cool.
Faut accepter des fois de pas arriver à avoir la photo qu’on veut, c’est pas grave. Dans ma tête je l’ai cette photo, elle était vraiment bien.
Je fais ce que je sais faire, et après je l’adapte au besoin de ce qu’on a… Pour moi tout est un reportage au final, et donc je le prends comme un reportage et c’est en ça que je sais que ça va normalement bien se passer.
La seule mariée que je photographie, c’est celle à la fin du défilé Chanel.
Pour moi, ça a toujours ëté plus facile d’être moi que de devoir être quelqu’un d’autre. Déjà je fais un métier où à part sur les marches de Cannes, j’ai pas forcément besoin d’être en costard. Ca m’arrive rarement, je m’habille toujours comme je veux, et du coup pour moi c’est naturel d’être naturel.
J’aime bien faire les trucs moi et me rendre compte que ça marche pas. Ca fait pas gagner du temps non plus, mais j’aime bien quand c’est moi qui me trompe
Sur la MAP manuelle: « Je trouve pas que ce soit lent, parce qu’en fait tu es plus concentré sur les photos que tu vas faire. Dejà quand tu travailles en focale fixe tu es vraiment extrêmement concentré, alors quand tu travailles en focale fixe avec la mise au point manuelle, alors là explosion de cerveau de concentration, tu es vraiment à fond dans la photo en fait.
J’adore les goodies, et je suis fan de goodies, et je me dis qu’est ce que j’aimerais bien faire qui reste?
Moi à la base, j’avais fait photographe pour rien faire, mon but c’était de dormir le plus possible et de gagner de l’argent facilement.
Comme j’aime ça, j’ai pas l’impression de trop travailler.
Il n’y a aucune logique à tout ce qui m’est arrivé.. Je gagne bien ma vie, mais aussi je suis extrêmement épanoui dans ma vie, parce que j’ai accès à tellement de trucs…
DANS CET ÉPISODE, ON PARLE DE:
Ces photos:
Bertrand Roguet
Stephen Shore - livre packaging Kodak
Raymond Depardon - Glasgow
Portrait Mélenchon
Portrait Delahousse
BigFlo et Oli
Leica SL2
Photos concert BigFlo et Oli
Marie Flamant
Recommandation d’invité : Leo Berne & Martin Colombey & Marie Rouge
A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)