073 - En fait les choses se répètent, et il y a certaines photos que tu peux un peu provoquer - Fabien Ecochard
Fabien Ecochard fait partie de ceux qui ont réussi à concilier l'image en tant que métier et la photographie en tant que pure passion pour soi. De son métier de réalisateur qui lui a appris à faire la différence entre le storytelling filmé et celui d'une seule image, à ses bouffées d'oxygène en street photography, nous allons parler de ses inspirations et de tout ce qui compose une bonne photo.
Dans cet épisode:
on parle de créativité
des lentilles modernes qui sont trop propres,
des ratés qu’on cache la plupart du temps,
de la différence entre conduire à Miami et à Paris,
de la photo comme loisir plutôt que comme boulot,
des endroits exceptionnels et des endroits banals,
de photographie Américaine à Paris,
de la bonne manière d’utiliser les reflets en photo,
de lumière rasante,
de prendre de bonnes habitudes puis de ne plus y penser,
de provoquer le hasard,
de l’histoire qui se répète,
de contraste à tous les niveaux,
de voir les coulisses,
mais surtout, on s’attaque à plein de mythes sur la bonne manière de faire de la street photography.
Bienvenue dans l'oeil de Fabien Ecochard.
LEGOS DE L'ÉPISODE:
(Elevator Pitch) J’aurais tendance à être assez simpliste et à lui dire que je suis un simple photographe de rue passionné.
Je suis un photographe de rue qui essaie de garder cette passion intacte et c’est déjà pas mal.
Je suis réalisateur un peu touche à tout, je fais aussi bien de la pub que du documentaire que de la vidéo corporate.
La street photography, c’est un à-coté que je garde comme un temps pour moi, sans aucune contrainte.
C’est un moment où le temps s’arrête un peu, où je suis seul avec moi-même.
Pour moi, être créatif, c’est se renouveler… sortir de sa zone, et prendre des risques.
Je prends plaisir à aller au coin de la rue et à photographier un endroit qui n’a rien d’exceptionnel, comme parfois j’aime bien avoir des lieux emblématiques Parisiens,
Il y a un coté où tu documentes un certain Paris à une certaine époque.
J’ai cette vision de la photographie Américaine que j’essaie d’appliquer à Paris.
Les ambiances Américaines appliquées à Paris, ça te fait parfois une sorte de truc à la croisée des chemins et peut-être que tu peux en tirer du coup une photo originale.
Si on ne ralait pas sur Paris, on ne serait pas vraiment Parisiens.
La même rue, à deux lumières différentes, ça n’a rien à voir.
Aujourd’hui, les objectifs, le piqué est tellement incroyable que parfois t’as une image qui est limite trop clinique.
J’aime utiliser les reflets pour… amener des couches à l’image, et avoir des images… entre graphisme et abstraction.
Je vais me projeter sur un reflet quand je trouve qu’il y a une scène intéressante, mais ps suffisamment en l’état, je vais… amener un petit truc en plus un peu poétique ou abstrait en allant chercher une partie de cette scène dans le reflet.
Moi les reflets que je préfère c’est ceux où tu te perds un peu dans l’image, tu deviens un peu incapable de savoir ce qui est reflété, ce qui est derrière la vitre.
Lumière plus couleur, souvent, ça fait un cocktail détonnant.
On va pas se mentir, il y a le travail que je publie et le travail, la montagne de photos qui partent à la poubelle ou qui restent dans l’ordinateur.
Il y a beaucoup de ratés, et au final c’est sur que je vais garder les photos où je suis satisfait du cadre.
Ca vient peut-être de mes débuts en street photo, où j’étais très Saul Leiter en termes d’influences, où je me prenais la tête à faire des choses très graphiques, très composées, et du coup j’essaie de garder ça aujourd’hui, sauf que je le couple à quelque chose d’un peu plus spontané, instinctif.
Parfois les compositions sont un peu moins léchées aujourd’hui, mais c’est des photos qui me plaisent plus.
Pour une photo réussie, il y en a bien cent qui partent à la poubelle.
Une photo réussie, pour moi, il y a une petite histoire ou bien quelque chose d’incongru qui sort un peu du commun, et si par bonheur j’ai fait ça avec une belle lumière et que j’avais pensé à mon cadre derrière, c’est royal.
Il y a toujours une part de hasard provoqué où tu es prêt au bon moment,
J’aime bien jouer avec la lumière rasante… quand tu es dos au soleil, tu es quasiment invisible.
Peut-être que quand tu t’habitues à reproduire certaines séquences/moments, tu arrives à provoquer ces occasions là.
En fait les choses se répètent, et il y a certaines photos que tu peux un peu provoquer.
Parfois, l’absence d’une présence humaine crée une atmosphère très particulière.
Ça m’arrive parfois de faire un petit break de focale, je vais me dire « là je prends que le 56mm »et ça te crée une nouvelle contrainte… et parfois, ça te renouvelle un peu.
Même au flash, tu peux faire de la street photo sans être agressif spécialement pour les gens.
Pour moi la photo ça reste la base de tout, et la réalisation après m’a un peu poussé à travailler plus mon histoire et à structurer un peu plus mon travail.
En vidéo, c’est à toi de raconter l’histoire, et ce que j’adore avec la photo, … c’est que vraiment tu peux faire travailler ton imaginaire. Tu sais pas ce qui se passait avant, après… il y a un extérieur à l’image.
Parfois je fais des breaks, mais la photo de rue revient toujours.
La photo de rue reste pour moi ce moment où le temps s’arrête.
J’avais prévu de rentrer en métro, il y a une belle lumière, ben en fait je vais rentrer à pied.
(Sur la photo dans le ferry à Istanbul) Pour le coup, c’est pas un contraste de lumière, c’est un contraste de monde.
(La vidéo corporate - NDLR) c’est pas le plus sexy dans mon activité, mais en même temps ça me permet de mettre un pied dans plein de secteurs et d’univers industriels différents, et en réalité c’est des trucs que j’aime bien faire, serrer des mains, découvrir un monde que je ne connais pas du tout, et tu croises des univers, tu es un peu un passager, tu vois les coulisses, c’est assez enrichissant.
Les sessions collectives de street photo, c’est pas forcément là où je vais faire les photos les plus géniales, mais en revanche tu vois les autres travailler et très souvent ça te donne une autre approche, ça te sort un peu de ta zone.
DANS CET ÉPISODE, ON PARLE DE:
Ces photos:
A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)