109 - Il y a vraiment un bénéfice dans le fait de recommencer encore et encore - Paul Napo
Il y a un vrai sujet à photographier son quotidien, et Paul Napo illustre parfaitement cette idée.
Basé en Irlande du coté de Dublin, il photographie les gens qui l’entourent, et de son propre aveu, l’essentiel des photos qu’il publie sont prises dans un rayon de 2 kilomètres autour de chez lui. Notre conversation va donc beaucoup tourner autour du fait de photographier l’intimité des gens, de revenir encore et encore sur les mêmes lieux et les mêmes sujets, de la bonne manière d’approcher les gens, en éveillant la curiosité plutôt que la méfiance, de son talent pour faire des portraits d’enfants, de l’échec invisible, et de comment ça peut s’intégrer, ou pas, dans son quotidien de photographe de mariage.
Bienvenue dans l'oeil de Paul Napo.
A propos de l’invité:
Legos de l’épisode:
Je fais des photos de gens: ça englobe mon métier qui est photographe de mariage… et quand je fais de la photo pour le plaisir, je fais aussi des photos de gens, mais c’est plutôt dans la rue.
Je vais à la rencontre des gens que je ne connais pas pour les photographier.
Il y a beaucoup de photographes débutants qui essaient de faire du trop propre ou du trop polissé. Martin Parr montre vraiment qu’on peut faire du beau avec du gros bordel.
Quand je ne fais pas de photos pendant longtemps, j’ai un truc qui me manque et j’ai l’envie d’y aller.
Moi j’ai quand même souvent tendance à trouver les gens beaux, mais les gens beaux ce n’est pas ceux qui sont actuellement beaux, ni à l’inverse les vieux ridés SDF noir et blanc avec la clarté maximum.
Je vois vraiment une valeur dans le fait de creuser quelque chose, d’approfondir sa connaissance (d’un lieu - NDLR).
Ce qui m’anime c’est l’humain, et quand l’humain est au rendez-vous, ça fait des photos top.
On fait sans doute des meilleures photos des trucs qu’on aime profondément.
Le ratio n’est pas très élevé en photo de rue… il y a des hauts et des bas et les hauts peuvent être très hauts.
Tu oublies rapidement toutes les photos ratées.
C’est plus facile de photographier de l exotique… parce que tout est différent… mais c’est plus difficile de se débarrasser de tous ces artifices pour arriver à une photo dépouillée de tout ce qui est inutile… On tombe très rapidement dans le cliché.
Une des difficultés du portrait, c’est de passer les clichés pour montrer vraiment la personne, et c’est plus facile à faire dans un endroit que tu connais.
Je vais vraiment toujours dans les mêmes quartiers, je retourne dans les mêmes rues, je revois les mêmes endroits… Il y a vraiment un bénéfice dans le fait de recommencer encore et encore.
J’ai envie de trouver les choses chouettes dans la vie de tous les jours.
Il y a un coté fuite dans le voyage, de chercher le bonheur ailleurs.
J’ai envie que ma vie soit chouette d’une manière, avec moins de pics d’adrénaline une fois par an, mais que de manière générale toute ma vie soit plus joyeuse.
En street photo… l’attitude est essentielle. Tu fais passer énormément de choses par ton non verbal.
Si tu es très visible… les gens sont plus curieux que méfiants.
J’ai pas envie de faire de la photo si la photo va créer du conflit.
Ces journées qui sont vraiment exceptionnelles pour les autres font vraiment partie de notre quotidien, donc on a un rapport un peu particulier avec ces journées de mariage… Le mariage c’est notre normalité, alors que pour les autres gens, c’est une ou deux fois par an maximum, ça nous fait voir les choses d’une manière différente.
Dans le mariage, ce qui est important c’est les gens: c’est les gens qui sont là pour les mariés, c’est les mariés qui sont là l’un pour l’autre, la cérémonie, ce qu’elle signifie pour eux. Et c’est vrai que tout le reste c’est un peu de l’habillage, et avec le recul qu’on a, parfois on a un regard un peu ironique dessus.
On ne prend pas le même plaisir à prendre des photos pour nous et des photos pour les gens.
De manière générale la créativité ça marche comme ça: Je crois pas trop à la cérébralisation à l’extrême de penser pendant des semaines comment je vais faire telle série… pour moi, tu fais les photos, et de ces photos vont émerger des idées des thèmes, “tiens j’ai mis le doigt que quelque chose qui va pouvoir faire une série”.
La quantité nous encombre.
La rafale, ça rassure quand même. Moi j’ai un truc lié au syndrome de l’imposteur, c’est que j’ai toujours peur de rater… c’est pas parce que j’ai fait 120 mariages, j’ai toujours peur de ça.
Pour moi l’intime, c’est photographier tout, y compris les choses qu’on ne penserait pas à photographier… c’est ce que tu ne montrerais pas toi même et c’est ce qui est souvent déconsidéré. C’est ces moments hyper normaux.
Moi j’ai envie de montrer des gens normaux qui font des choses normales.
Les gens m’intéressent, l interaction avec les gens m’intéresse, quand bien même ce n’est pas du tout un réflexe pour moi , parce que je suis plutÔt quelqu’un de pas hyper à l’aise socialement.
Je pense que chacun a un truc à dire, à raconter, à montrer, et surtout les gens qui pensent pas qu’ils ont des trucs à raconter ou à montrer. Parce qu’en fait ce sont ces gens là qu’on montre le moins.
Le 1% des photos que je montre sont réussies, et on ne voit pas toutes celles à coté.
La photo de rue, la photo de mariage… c’est la même pratique appliquée différemment à des sujet différents, mais ça se ressemble énormément, et dans la manière de faire, et dans l’attitude, et dans les qualités dont on a besoin pour faire la photo.
Je ne me sens pas illégitime dans la rue.
Dans cet épisode, on parle de:
Youtube: Beau Miles - Vidéo: Walking 90kms to work changed my life
Recommandation d’invité: Angélique Boissière (Livres)
A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)