112 - Je passe beaucoup de temps dans la rue à discuter avec les gens - Elsa Lebaratoux
S’il y a un nom qui revient très souvent dans les requêtes d’invités, c’est bien celui d’Elsa. Et à raison: en plus d’être une photographe lifestyle d’exception, elle a débarqué dans le paysage street Francophone en boulet de canon, s’imposant en moins de trois ans comme une des valeurs montantes du milieu.
Rigoureuses, colorées, inventives, pleines d’humour et toujours dans le bon tempo, ses photos sont un magnifique exemple de ce vers quoi on devrait tous tendre au final: une image, une histoire. Et un petit coté où est Charlie qui n’est pas pour me déplaire.
Dans cet épisode, nous allons parler des effets bénéfiques du confinement, que nous sommes finalement nombreux à avoir ressentis, de la place des femmes dans la photo de rue et des difficultés spécifiques qu’elles peuvent rencontrer, de la bonne façon de faire plein de choses très différentes, de la patience et d’évaluer ses chances, et d’un nouvel outil révolutionnaire pour évaluer si une photo est bonne: le poilomètre.
Bienvenue dans l'oeil d’Elsa Lebaratoux
A propos de l’invité:
Legos de l’épisode:
Le confinement, quand il s’est terminé, je crois que j’ai eu une soif de liberté, et j’ai beaucoup marché, et j’ai emmené mon appareil photo avec moi, et voilà, ça a commencé comme ça.
Dans le mot créatif, il y a création, donc c’est peut-être faire sortir quelque chose, matérialiser avec ce nouveau regard des œuvres… c’est apporter un nouveau regard sur la vie en fait.
Quand je sens que tout s’aligne, que tout va s’aligner, que ce soit en termes de compo, de lignes, de lumière, de mouvement, de passants, quand je sens que tout va faire un, c’est ça qui va me faire déclencher.
Je suis capable d’attendre assez longtemps quand je sais que c’est le bon endroit.
J’avais une boss qui, pour valider nos bandes annonces, nous faisait rentrer dans son bureau, éteignait la lumière, mettait le son à fond et relevait ses manches, et si à la fin de la bande annonce, elle avait les poils relevés sur les bras, c’est que c’était la bonne.
J’ai l’impression d’arriver au moment où la street photography se démocratise… j’ai l’impression d’arriver au bon moment où c’est chouette de partager les images des autres, d’en parler, de se rencontrer…
C’est parti d’un post Instagram où on devait nommer 10 femmes street photographes, et on a toutes galéré.
On a pas le même rapport à la rue (Femmes et hommes - NDR) parce qu’on y a pas vécu les mêmes choses.
Dans la rue, j’ai un petit appareil qui est le X100V qui passe un peu partout et qui, je pense, me fait un peu confondre avec les touristes.
Je ne me cache pas pour faire les photos, et j’assume ma position dans la rue. Plus on assume la position dans laquelle on est, moins les gens se posent des questions sur nous.
Moi je peux rester longtemps au même endroit ou tourner dans plusieurs rues parce que je sais qu’il y a des trucs intéressants qui vont se passer,et comme certains mecs voient que je reste au même endroit, ils vont venir me parler, alors que j’ai pas forcément envie de leur parler.
En vrai (des situations photogéniques - NDR), il y en a plein, c’est juste qu’on n’y prête pas attention, mais il y en a plein dans la vie des rencontres heureuses comme ça.
Ce genre de coincidences existe absolument partout, tout le temps, à qui sait y prêter attention en vrai.
Quand je sélectionne mes photos, je vais vite éliminer celles qui ne racontent rien. J’ai une amie qui m’a dit “ce que j’aime dans tes photos, c’est que je joue à chaque fois à où est Charlie?", c’est à dire que je sais qu’il y a une première lecture, et il va y en avoir une autre pour savoir pourquoi tu l’as gardée et ce qu’il y a d’intéressant.
J'aime que mes photos, au delà des lignes et de la composition, racontent une histoire, une petite scenette.
Je sais que je les travaille pour qu’elles pètent (les couleurs - NDR), mais je les vois comme ça aussi.
La photo de famille, je la propose uniquement à domicile, donc en intérieur… je préfère l’intérieur des gens parce que ça va raconter une histoire sur leur vie de famille, et puis surtout parce qu’ils sont vraiment à l’aise.
Je passe beaucoup de temps dans la rue à discuter avec les gens, je suis pas dans une pratique solo. Les gens soit viennent me parler, soit c’est moi qui suis en train de leur parler pour leur expliquer ce que je suis en train de faire, parce que souvent je vois des regards interrogateurs pas forcément méchants, et je préfère leur dire “je fais des photos de rue”. Ca crée une conversation et je trouve ça toujours chouette.
La photo me permet de faire du lien en fait.
Je fais complètement les choses à contre courant.
J’ai trouvé ça encore plus chouette de raconter une histoire en figeant un seul instant (sur son passé dans la vidéo - NDR).J’ai trouve que le défi était encore plus grand, et peut-être que le fait de me réinventer m’a encore plus plu.
De par le montage (vidéo - NDR), j’ai appris le tri. En montage il faut faire des choix, il faut virer des séquences.
Je fais un tri hyper radical très vite.
Le fait que quand on fait un film, on raconte une histoire, ça doit influencer sur le fait que mes images ont besoin de raconter une histoire.
Clairement, le sujet prime.
Que ce soit en séance photo ou dans la rue, j’économise mes clics.
Il y a beaucoup de photographes qui aiment cliquer tout le temps par ce qu’ils n’aiment pas le vide avec leurs clients, moi je profite de ce moment là pour discuter avec eux, jouer avec les enfants.
Qu’est ce que c’est bon quand on sait qu’on a fait LA photo!
Dans cet épisode, on parle de:
Challenge 100 jours de Lumière - Caro Cuinet
Recommandation d’invité: Charlotte Abramow
A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)