129 - Photographier des gens, c’est manifester mon intérêt - Antoine Dogan
Si vous êtes sur Spotify, vous vous êtes déjà rendu compte que cet épisode est diffusé en vidéo. Il sera disponible en vidéo également sur Youtube, et en audio sur toutes les autres plateformes. Pas grand chose ne change en dehors de l’ajout de l’image, et pas d’inquiétude si vous n’avez accès qu’à l’audio, je fais en sorte que vous ne manquiez rien.
Aujourd’hui, je reçois Antoine Dogan, photographe qui s’intéresse de près à la nature humaine et qui vient de sortir son premier livre après 10 ans à tourner appareil en main dans les Balkans, sur les traces d’une famille et d’un pays dont il a été tenu éloigné pendant près de 20 ans par les différents conflits qui ont secoué la région.
Son travail mêle street photography et projets documentaires, et c’est tout naturellement que nous allons graviter vers ces sujets.
Bienvenue dans l’oeil d'Antoine Dogan.
Legos de l’épisode:
Je suis passionné par les histoires humaines.
Image, c’est un anagramme de magie.
Le chemin d’aller chercher des réponses à ses questions est peut-être plus intéressant que la réponse elle-même.
Pour moi, (la photo - NDR), c’est la dernière étape.
Si une photo est un langage, alors il y a tous les attributs du langage, un vocabulaire, un syntaxe, des couches infinies d’informations, avec quelques fois des choses intéressantes qui se situent entre les lignes. Donc est-ce que la séquence et le travail en série c’est pas mettre le focus sur l’interligne?
Je pense qu’on ne va pas forcément cliquer sur les mêmes choses quand on est en noir et blanc et quand on est en couleur.
Si on met quelque chose dans le cadre, il y a forcément plein d’autres choses qu’on ne met pas.
Le noir et blanc on enlève une couche d’information par rapport à notre perception de base, et en ça on tend vers l’abstractisation de ce qu on décrit… mais d’un autre coté, si on enlève une couche d’information, alors il faut que celles qui restent soient plus percutantes, vaillent le coup d’être montrées.
Qu’est-ce qui est suffisamment valable pour le mettre à la vue des gens?
C’est une des beautés de la chose, c’est quand 100% de la réponse ne passe pas 100% dans les mots.
On est là pour répondre au brief, mais c’est la friction entre soi-même et ce dont on pense qui est attendu, à la fin de ce brief, qui génère des choses surprenantes.
Quelques fois aussi c’est très bien de faire rapidement et de faire en sorte que ça sorte dans le timing.
Finalement, la seule chose qu’on fait dans la pratique photo, est-ce que ce n’est pas de se découvrir soi-même à travers les choses qu’on shoote?
Je pense que c’est quand on manque d’empathie, ou quand on y pense pas, ou qu’on ne lui laisse pas suffisamment de place, que les problèmes commencent.
(Une bonne photo - NDR), j’aurais tendance à dire une photo qui fait passer des choses au dehors du langage.
Le beau se génère hors du langage, hors on pilote une IA par le langage (Alexandre Astier)
On choisit un boitier, une focale, peut-être une valeur ISO, et on reste comme ça pendant 10 ans. J’ai trouvé ça extrêmement utile, je comprends maintenant le pourquoi. Donc j’ai commencé en noir et blanc, je me suis dit “OK, je vais me borner à ça”.
Moi j’aime pas faire les choses en même temps, parce que faire des choses en même temps tu finis schizophrène et assez rapidement, tu ne sais plus comment tu t’appelles.
Une image unitaire à sa propre vie, une succession d’images a sa propre vie, mais ce qui se passe dans le blanc entre les images d’une séquence a aussi sa propre vie.
On a un très bon travail quand la somme des parties amène plus que chaque partie individuelle.
Pour moi, mettre l’appareil à l’oeil, c’est la fin du process.
Peut-être qu’à un moment donné il faut se vider soi-même pour laisser la possibilité aux choses de l’extérieur d’exister.
Je ne parle pas forcément aux gens, par contre j’interagis tout le temps.
Un grand nombre de choses dans la photo de rue se situe dans le non verbal.
On parle de photo volée, je suis hyper contre ça, parce que perso j’ai jamais l’impression de déposséder qui que ce soit… rien que le fait que des photographes utilisent ce langage là dessert la totalité de ce qu’on fait.
Quand on me demande pourquoi je fais ça, pour moi, c’est ma façon de manifester mon intérêt envers les choses, ou les situations, parce que je crois que le pire des sentiments humains, c’est l’indifférence.
Finalement, photographier des gens, des scènes, pour moi, c’est manifester mon intérêt.
Si ça se voit qu’on doute de ce qu’on fait, alors on autorise l’autre à penser que peut-être on fait quelque chose de pas bien.
Dans cet épisode, on parle de:
Guillaume W
John Free
Alain Keller
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A propos du Podcast:
Hôte: Julien Pasternak - Instagram - LinkedIn - Clubhouse
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Générique d'intro: Joakim Karud (https://soundcloud.com/joakimkarud)
Générique de fin: Dyalla Swain (http://soundcloud.com/dyallas)